Débuter sa liberté financière avec le travail saisonnier

Dans un article précédent je vous ai partagé comment j’ai tout quitté pour l’aventure saisonnière dans le Sud-Ouest. Je souhaite ici vous présenter comment débuter sa liberté financière avec le travail saisonnier. Un modèle qui peut-être une première étape avant d’avoir complètement son indépendance financière.

Définition et quelques particularités juridiques du contrat saisonnier

Est considéré comme du travail saisonnier une activité récurrente, qui a lieu chaque année, à la même période. Il est généralement calqué sur le rythme des saisons et permet de faciliter la nature cyclique de l’activité d’une entreprise. Il concerne majoritairement le monde agricole, de la viticulture, ou encore du tourisme.

Chaque année, ce sont environ 1,3 millions de contrats saisonniers qui sont signés en France — Source gojob.com

Un contrat saisonnier est similaire aux caractéristiques d’un Contrat à Durée Déterminée. Il doit obligatoirement être écrit, et un exemplaire doit être remis au salarié dans les 48 heures qui suivent son embauche. Il doit stipuler les informations suivantes :

• La durée minimale de l’activité,
• La date de début et, si possible, la date précise de fin,
• L’intitulé du poste,
• Le salaire,
• La durée de la période d’essai ne pouvant pas dépasser un jour par semaine de travail prévue*,
• La caisse de retraite complémentaire et l’organisme de prévoyance.

En contrepartie d’une faible participation, vous pouvez bénéficier de certains avantages comme la prise en charge :

• de la mutuelle,
• du logement,
• et de la nourriture

Comme cela a été le cas pour moi au sein de CEVEO. À savoir, en juillet 2024, mon revenu net avant impôt s’élevait à 1315,23 euros tout compris (mutuelle, logement, nourriture). Soit de l’argent de poche si vous n’avez pas de fort frais annexes (abonnement téléphonique, location, prêts …)

*La période d’essai est une période d’évaluation destinée à valider la correspondance aux attentes du poste et rompre librement le contrat liant salarié et employeur. Selon une ancienne collègue, elle serait au bénéfice exclusif de l’employeur. Je n’ai à ce jour, pas lu de texte officiel arbitrant dans ce sens. Alors croisez vos recherches !

Attention à ce que votre contrat de travail saisonnier stipule bien la période d’essai (notamment dispensée en cas de reprise du même poste d’une année à l’autre). Ne peut excéder 1 jour par semaine de travail prévue et doit être rémunérée normalement.

Enfin comme tout contrat, en cas de rupture du fait du salarié ou de l’employeur, optez pour une rupture conventionnelle stipulant à l’initiative des DEUX parties. En cas de démission, vous ne pourrez prétendre à des indemnités France Travail.

Pourquoi opter pour le modèle saisonnier

1. Développer sa liberté financière :

Comme dit précédemment, votre revenu net = votre argent de poche si vous êtes un tant soit peu bon gestionnaire.

➡ Imaginons si vous travaillez 6 mois vous pouvez alors prétendre à 1300 x 6 = 7800 €

➡ auxquels s’ajouteront les 10% de congés payés non pris en fin de contrat (et non prime de précarité dédié aux contrats intérims) soit 780 €. Soit une jolie somme d’un peu plus de 8500 euros.

Biensûr, vous devrez déduire vos frais annexes qui sont variables pour chacun d’entre nous selon son style de vie :

• abonnement téléphonique
• dépenses personnelles
• location éventuelle à l’année
• prêts
• assurances diverses
• impôts
• ..

➡ Selon la convention, vous pouvez bénéficier d’avantages sociaux supplémentaires liés :

• au Comité d’Entreprise (j’ai reçu 100 euros de chèque cadeaux fin 2023)
• à la prime de participation (environ 400 euros perçu en mars 2023)
• …

Vous l’aurez compris, certains avantages ne sont pas réservés au CDI (ma croyance).

Cas personnel :

• Prêts divers liés à l’achat de l’appartement : environ 500€
• Appel de fonds mensuel, moyen du Syndic : 150€
• Mise en location : 590€ (loyer. nu) + 90€ de charges
• Loyers perçus après déduction frais de gérance : 605€

Autres frais à comptabiliser :

• env. 45 euros liés aux charges
• impôts micro-foncier 2024 sur revenus 2023 : 731 euros
• taxes foncières pour 2023 : 767 euros

➡ Dix années de travail saisonnier et c’est un appartement payé cash aujourd’hui. De quoi rapidement toucher des rentes et remettre en question le statu quo du bon petit français en CDI.

2. Développer sa Liberté temporelle et géographique

Pourquoi attendre la retraite pour en profiter ? Travaillez où vous le souhaitez (stations balnéaires, d’hiver, en France ou à l’étranger) et profitez-en pour explorer la région, la culture, faire des rencontres … Et si vous êtes comme moi, à un stade où vous ne vivez pas encore de vos business, le modèle saisonnier peut être un bon compromis. Vous pouvez consacrer une partie de l’année à voyager, passer du temps avec vos proches, développer des projets qui vous font kiffer … Faire ce que vous aimez tout simplement. Compte tenu de la hausse actuelle du niveau de vie en France, c’est le meilleur DEAL selon moi. Le modèle classique est une sécurité illusoire et un piège :

• vous rêvez de devenir propriétaire,
• vous trouvez un job (souvent pas assez rémunéré) pour payer les factures et les prêts de votre nouvelle acquisition
• vous n’arrivez pas à épargnez suffisamment pour partir en vacances : vous restez chez vous
• vous retournez au taff (qui ne vous fait peut-être pas du tout vibrer…) pour pouvoir continuer à rester chez vous…

Le système a été mis en place et a été pensé pour que les gens soient dépendants, des banques par exemple. Typiquement, une banque elle gagne de l’argent quand elle en prête. Mais comment elle prête de l’argent s’il n’y a pas d’actifs ? La banque peut pas te dire : « je te prête de l’argent juste comme ça. » Donc on a crée des rêves aux particuliers, au peuple, de manière à ce qu’ils veulent atteindre ces objectifs qu’on lui a implantés dans la tête depuis son plus jeune âge, à savoir avoir ma résidence principale. Ça, c’est le Graal. Tu sais les parents ils disent tous Mon fils vient d’acheter sa résidence principale Alléluia! Il s’est mis un crédit de 25 ans dans la tronche où il va payer une tonne de frais mais on est fiers pour lui. Tout ça a été créé par les banques pour pouvoir asservir l’humain, l’obliger à travailler de manière à ce qu’il rembourse son crédit. Tout ça ce sont des produits structurants pour maîtriser la société. Je pense qu’il fausse être capable de vivre de manière minimaliste sans être dépendant de l’objet, dépendant du statut, dépendant du regard des autres. Il faut simplement avoir du cash, l’investir, ne pas en être dépendant, et c’est ce qui vous permettra de devenir indépendant financièrement.

— Anthony Bourbon, entrepreneur (retranscription d’un réel instagram)

3. Développer l’art du détachement managérial

Si vous aussi vous éprouvez des difficultés à être en phase avec le management actuel (contrôle, performance, incohérence, techniques insidieuses, tendance à jouer sur l’affect, sentiment d’injustice organisationnel…), alors vous aimerez apprendre l’art de s’en foutre au travail. Sans parler pour autant de je m’en foutisme, qui je doute ne soit possible pour les natures consciencieuses comme moi, je parle ici d’adopter la philosophie du – Je ne fais que passer – . Nature du contrat cyclique oblige, je ne cherche plus à prendre part au débat, à vouloir changer l’organisation, et je préserve ainsi mon équilibre mental, émotionnel, et physique.

Les défis du travailleur saisonnier

Par contre, soyons honnêtes, c’est un style de vie particulier qui peut ne pas plaire à tout le monde.

• Plusieurs moins intenses où tu vis, travailles, au sein du collectif (équipe/clients) : la gestion de la coupure perso/pro peut-être délicate et pesante par moment
• Sans Domicile Fixe, cela demande de gérer ses insécurités (“et après je fais quoi ? je fais comment ?”); de jongler entre recherche, pieds-à-terre changeants. Revenir chez papa/maman peut-être l’enfer, impliquant de s’adapter à leur style de vie. Après avoir fait l’expérience, d’un commun accord, nous avons fixé la durée de mon passage à une quinzaine de jours.
• Fonder une famille peut-être difficile dans ce contexte de sans-attache
• Demande d’adopter un mode de vie plus minimalisme, l’essentiel doit tenir dans le coffre de sa voiture pour voyager léger (pas plus mal selon moi 😉
• L’image des saisonniers n’ont pas très belle presse, souvent étiquetés de profiteurs, vivant au crochet de la société. Préparez-vous donc à faire face aux critiques des autres, y compris de votre famille.
• Comme tout contrat classique, il peut-être dur de continuer à développer ses projets professionnels en parallèle. Trop ratatiné par le rythme de travail et de la vie en communauté. C’est pourquoi l’intersaison est l’opportunité de reprendre ses activités.

Le travail saisonnier, un moyen des rebelles intelligents* afin d’être plus libre et indépendant financièrement. Je pense qu’il peut aussi insuffler un changement dans un modèle d’organisation devenu obsolète. Tentez ? Si vous souhaitez en savoir davantage, vous pouvez me poser vos questions ;).

Une ou deux recommandations au passage :

• Prendre le temps avant de signer : relire le contrat, les modalités, la période d’essai, la durée de la mission. Certains employeurs ont cette fâcheuse tendance de remettre votre contrat après l’embauche, et de vous demander de signer en plein travail.
• Soyez au clair sur la durée de votre contrat. Avec le manque d’effectif, certains profiteront de ce manque de clarté pour vous bloquer d’office 6 mois. Vous serez donc tenu de respecter votre engagement à moins de trouver un accord à l’amiable pour prétendre aux indemnités (rupture conventionnelle accordée au bon vouloir de l’employeur).

Perso, avec le recul, j’opterai pour des missions courtes avec reconduction possible (avenant au contrat). De quoi rester flexible, notamment en cas de gestion de double projet.